Pierre aux reflets magiques, l'émeraude a acquis au cours du temps, à travers les époques et les civilisations, une solide réputation. Certains hommes voient en elle un symbole de puissance tandis que d'autres lui attribuent le secret de la vie éternelle.
Qu'il soit simple soldat ou prêtre, simple gueux ou empereur, nul ne peut échapper à cette pierre ensorcelante, qui entraîne ceux qui ont eu le malheur de la contempler trop longtemps dans un voyage jusqu'aux portes de la raison. En écrivant le « Bossu de notre Dame », Victor Hugo en était bien conscient, car le nom d'Esmeralda, la belle ensorceleuse, ne veut-il pas dire « émeraude » en espagnol ?
L'émeraude dans l'histoire
Du latin smaragdus, lui-même dérivé du persan zamarat signifiant « cœur de pierre », l'histoire nous enseigne que cette pierre est depuis longtemps connue des hommes qui l'ont associée à leurs mythes et légendes, nimbant cette pierre d'une aura divine et de pouvoirs magiques tel celui de protéger des morsures des serpents.
La plus ancienne trace d'émeraude remonta au IIème millénaire avant J.C, aux portes de l'Orient, dans la cité de Babylone, où semblerait-il, elle aurait servi de monnaie d'échange, témoin sans détour de la puissance et de la richesse de toute une nation et de la grandeur d'un empire.
En Egypte également, les mines de Djebel Zabarah témoignent d'une importante exploitation d'émeraudes qui ont sûrement servi à orner les couronnes et les bras des plus grandes dames de l'empire et des nobles égyptiens, aujourd'hui ensevelis sous la terre de Kemi, en route pour leur plus grand voyage.
Quelques siècles plus tard, les conquistadors espagnols rapporteront de leurs conquêtes cette étrange pierre verte qui marquera le début des grandes exploitations d'émeraudes d'Amérique du sud, notamment celles de Chivor et de Muzo en Colombie, encore exploitées de nos jours. Ces premiers gisements donneront au monde les plus belles émeraudes connues, tel le Devonshire, pierre de 1 384 carats offerte en 1831 au 6ème duc de Devonshire (d'où son nom !), William Cavendish, par l'empereur Pierre Ier du Brésil.
Les émeraudes dans le monde
Pierres de collection et de passion, les plus belles représentantes de cette pierre précieuse sont éparpillées à travers les plus grandes villes du monde, comme si elles avaient pour mission d'éclairer de leur lumière ces grands foyers de l'humanité.
Ainsi, le palais de Topkapi à Istanbul, l'ancienne Constantinople, capital des empereurs byzantins, abrite une émeraude de 16 300 carats, tandis que l'ancienne capitale des tsars de Russie est l'inestimable hôte d'une émeraude de 11 300 carats, au musée minéralogique de Moscou.
Souvent taillée en « émeraude » en « poire » ou en « ovale », les émeraudes sont des pierres fragiles qui laissent facilement apparaître des inclusions, appelées « jardin » ou « givre », qui par le simple caprice de la nature leur donnent les formes les plus diverses en rehaussant la valeur de la pierre, tel l'émeraude trapiche dans laquelle est incrustée une étoile à 6 branches. À cause de leur fragilité, les émeraudes nécessitent un traitement délicat, notamment à l'aide d'huile et de résine.
Actuellement, l'émeraude est encore pleinement exploitée et constitue l'une des plus grandes ressources minières que la Terre à offrir. Pourtant, seul le sol de certains pays recèle cette gemme précieuse, ce qui fait qu'elle est d'autant plus rare. D'autre part, la qualité des pierres n'est pas uniforme et dépend pleinement de leur provenance géographique. En tête des pays producteurs d'émeraude, la Colombie culmine avec 60% de la production mondiale et est la championne en matière de qualité. Avec 15% de la production mondiale se trouve la Zambie, suivie de près par le Brésil avec 12%, puis de la Russie (4%), du Zimbabwe et de Madagascar.
L'émeraude est principalement présente dans l'hémisphère sud du globe terrestre, dans les pays pauvres. La question est donc de savoir, à qui profite réellement cette richesse, à la population locale ou aux exploitants ?
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