La DHEA, une hormone pour retrouver la jeunesse

Publié le mardi 6 août 2013 à 18:35

Les résultats des études sur la déhydroépiandrostérone (DHEA) ont suscité l'intérêt des scientifiques pour cette substance, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Les recherches effectuées jusqu'alors semblent être sur la bonne voie et la commercialisation des produits contenant cette substance ne s'est pas fait attendre suite à certains résultats concluants. La DHEA ouvre des portes supplémentaires à la science afin de lutter efficacement contre la vieillesse et retrouver une jeunesse pensée jusqu'alors inespérée.

La DHEA existe en quantité abondante au cours de la formation du foetus dans le ventre maternel et son taux tend à régresser progressivement jusqu'à n'exister qu'à l'état de trace pendant la période de la petite enfance. A partir de 7 ans, ce taux commence à croître à nouveau pour atteindre un point culminant entre 20 et 30 ans. Après 30 ans, la DHEA diminue inéluctablement jusqu'à 1/3 du point culminant précédent. Les chercheurs notent qu'à âges égaux, la femme présente 25 % de DHEA de moins que l'homme. D'ailleurs, l'homme sécrète toute sa vie de la testostérone malgré une nette diminution à l'andropause, tandis que la femme arrête de sécréter les hormones estradiol et progestérone avec la ménopause. Ne pas oublier que la DHEA est un précurseur de la testostérone et dans une moindre mesure un précurseur de l'estradiol.

Les résultats cliniques sur la DHEA

Les premières hypothèses émises sur la DHEA ont été vérifiées chez des rats de laboratoire dans les années 70. Les études d'origine américaine ont démontré que l'injection répétée de la substance sur les animaux pendant des intervalles de temps données permettait de lutter contre le vieillissement, l'apparition de maladies virales, l'athérosclérose, certains types de cancers et même les états d'obésité héréditaire. En ce qui concerne l'effet sur la perte de poids, on a effectivement observé une diminution significative de la graisse abdominale chez les rats obèses. Par ailleurs, cette perte graisseuse contribue à favoriser l'action de l'insuline, diminuant de ce fait le risque de diabète. Enfin, les études ont révélé une nette amélioration de la libido, de la densité osseuse et de la faculté de mémorisation chez les animaux.

Mais c'est seulement le 11 avril 2000 que les premiers résultats cliniques sur une expérimentation à l'échelle humaine de la DHEA ont été publiés dans le "Proceedings of the National Academy of Sciences" à l'issue de l'étude DHEAge effectuée par le Professeur Etienne-Emile Baulieu. Pour ce faire, le groupe d'expérimentation était composé de 280 sujets des deux sexes répartis en quatre groupes : 70& sujets de sexe féminin âgés de 60 à 69 ans, 70 sujets de sexe masculin âgés de 60 à 69 ans, 70 sujets de sexe féminin âgés de 70 à 79 ans et 70 sujets de sexe masculin âgés de 70 à 79 ans. Pendant un an, les quatre groupes ont pris quotidiennement soit un placebo, soit 50 mg de DHEA et ont été soumis à un examen trimestriel complet.

Au l'issue de la recherche, il n'a pas été constaté d'importants changements métaboliques et physiques notables chez l'ensemble des groupes de moins de 70 ans. Par contre, le groupe de femmes de plus de 70 ans semble présenter des améliorations notables. On a observé chez le groupe une régénérescence de la peau, une redensification osseuse, une augmentation de la libido et une sensation de bien-être général. D'autres études complémentaires ont également montré une diminution de la graisse abdominale de l'ordre de 7,4 % chez les sujets de sexe masculin et de l'ordre de 10,22 % chez les sujets de sexe féminin, accompagnée d'une diminution de 6 % de la graisse sous-cutanée pour les sujets des deux sexes.

Des réactions mitigées de la part des professionnels de santé sur la DHEA

La DHEA a beau être une hormone naturelle, les autorités sanitaires françaises ont jugé bon de prolonger les études scientifiques sur la substance avant de mettre le produit sur le marché. En effet, les études menées jusqu'ici ont surtout mis l'accent sur les effets bénéfiques potentiels de la DHEA sans réellement insister sur les risques et les effets secondaires de la prise de cette hormone sur le long terme. Par ailleurs, les échantillons prélevés semblent ne pas être assez représentatifs de la population ciblée. Il existe encore d'autres recherches en cours qui doivent être poursuivies avant de considérer la DHEA comme sans danger.

L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) rappelle que même si certaines études tendraient à démontrer les effets bénéfiques de la DHEA particulièrement pour le traitement des insuffisances surrénales et dans le traitement du lupus, celui-ci n'a pas encore fait l'objet d'une autorisation de mise sur le marché français par l'agence et n'a pas encore été établi en tant que médicament. Le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) prend la même position et confirme que la responsabilité incombe exclusivement aux médecins qui prescrivent la DHEA indépendamment du fait que le produit est vendu en pharmacie.

Des enjeux de taille pour les professionnels de la cosmétique

La vocation initiale de la DHEA était d'ordre médical pour le traitement de certaines pathologies liées au vieillissement. Cependant, les professionnels de la cosmétique voient en elle un avenir grandiose pour la cosmétique. Au niveau cosmétique en effet, la DHEA relance la production des glandes sébacées, stimule l'hydratation de la peau, lutte contre la pigmentation et réduit l'atrophie de l'épiderme. Ce n'est donc pas un hasard si les laboratoires L'Oréal par l'intermédiaire de leur filiale Galderma ont acheté un brevet d'application à l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) suite aux résultats de l'étude DHEAge. Les laboratoires Mayolis Spindler sont également en train de commercialiser des produits à base de DHEA à l'issue d'une autre étude indépendante.

Où se procurer de la DHEA ?

Pour les plus impatients, la DHEA est déjà vendue depuis quelque temps dans les pharmacies françaises sous forme de préparations à partir d'extraits de yam, une plante originaire du Mexique. Les positions de l'AFSSAPS et du CNOM sont les mêmes : il est encore trop tôt pour commercialiser la DHEA. Le Professeur Etienne-Emile Baulieu lui-même n'est pas tout à fait favorable à l'utilisation du produit en raison de ses études qui ne sont pas encore complètement achevées. Quoi qu'il en soit, il faut compter entre 10 et 45 € pour se procurer le produit en pharmacie. La cure sera valable pour un mois à raison de 25 à 50 mg par jour. Le bilan hormonal avant le traitement est remboursé par la Sécurité Sociale.

Un minimum de précautions avant la prise de la DHEA

On l'a dit plus haut, la seule DHEA disponible sur le marché français reste celle de préparation magistrale. Pour les néophytes, une préparation magistrale est une préparation artisanale effectuée par le pharmacien. Bien qu'il soit disponible en pharmacie, son achat nécessite l'ordonnance d'un médecin. Si on a pu obtenir une prescription de DHEA par son médecin traitant, c'est qu'il a déjà fait faire un bilan hormonal afin d'évaluer la qualité de chaque phase du cycle ovarien. Celui-ci lui permet de juger d'un état de carence hormonale réel justifiant et autorisant la prise de DHEA. Il revient également au médecin traitant de vérifier l'absence de contre-indications pour la DHEA surtout en cas d'antécédents de cancers hormonodépendants impliquant la prostate, le sein ou l'utérus.

En cours de traitement, il est aussi recommandé de rester à l'écoute de son corps afin de déceler la survenue d'effets secondaires, tels que l'apparition d'acnés, la dysménorrhée, l'insomnie, l'apparition de pilosités et des dysfonctions au niveau du cholestérol. Le mieux serait de faire un bilan périodique avec son médecin traitant. Il peut apparaître que l'ensemble forme une longue procédure, mais il est certain qu'il existe un réel engouement autour de ce produit censé apporter la jeunesse.

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