Achetés parfois à prix d'or, certains produits se détériorent précocement, souvent au moment où leurs utilisateurs en ont tant besoin. Le réflexe est généralement d'acheter ces objets ou des versions approchantes afin de continuer à bénéficier des fonctionnalités auxquelles on est déjà habitué. Finalement, on s'est rendu compte que par une série de mécanismes techniques et technologiques, les producteurs arrivent à limiter aisément la durée d'utilisation des biens manufacturés.
Une tromperie déguisée ?
L'obsolescence programmée est considérée par un grand nombre d'associations de consommateurs comme une tromperie qui ne dit pas son nom. Pour elles, c'est une manière d'abuser des gens en les poussant à acheter des produits de courte durée de vie, sans prendre le soin de leur révéler les vraies informations sur la durée de vie réelle. On peut ainsi se demander si les entreprises, au risque de mettre leur réputation en jeu, ne tiennent plus compte de la qualité dans leur production !
A ce propos, le designer Brooks Stevens, qui avait rendu populaire l'obsolescence programmée dans les années 50, estime que cette pratique n'a rien à avoir avec une mise en vente de produits de mauvaise qualité. Pour lui, il ne s'agit de rien d'autre qu'une stratégie commerciale des entreprises dont le seul but est de raccourcir leurs cycles de production.
Mais de nombreuses positions s'opposent à cette idée. L'une d'elle estime que les produits ayant subis une obsolescence programmée sont quoiqu'il en soit de mauvaise qualité, car les défauts volontaires ajoutés à leur fabrication ont tendance à créer très vite des dysfonctionnements dans l'utilisation, jusqu'à ce que la limite de vie programmée soit atteinte. Pour revenir à l'idée de tromperie déguisée, certains pensent que les prix de ces produits devraient être revus à la baisse de sorte à correspondre aux temps de vie courts en fonction desquels ils sont programmés.
L'indignation des organisations écologiques
Les organisations écologiques ont donné de la voix pour faire connaitre leurs positions sur l'obsolescence programmée. On retient qu'elles sont toutes indignées par cette pratique et la considèrent comme le symbole de la société du gaspillage. En effet, il est reproché aux entreprises de ne penser qu'à leurs intérêts et d'exploiter à fond les ressources de la planète. Elles dénoncent cette course effrénée engagée dans la recherche de matières premières utilisées au quotidien pour le fonctionnement des différentes chaines de production.
Aujourd'hui, lorsqu'elles font une comparaison en chiffres, on se rend compte qu'une tonne de déchets municipaux est l'équivalent d'une consommation de 100 tonnes de ressources en entreprise. En plus, cette exploitation a un impact considérable sur l'environnement comme la dévastation accélérée des sols. Elles espèrent que la législation se penchera sur la question de l'obsolescence programmée afin de limiter son application.
Des mesures envisagées contre cette pratique
Les pouvoirs publics envisagent prendre des mesures pour contrer l'obsolescence programmée. Le mardi 23 avril 2013, le Sénat en a débattu à l'initiative du président écologiste Jean-Vincent Placé. Dans l'immédiat, les efforts seront concentrés vers une augmentation de la garantie légale de la durée de vie des produits de 2 à 5 ans jusqu'en 2016. Les mesures concernent aussi la mise à disposition des pièces détachées de certains appareils pendant 10 ans et d'informer les consommateurs, à partir de notices d'information, sur tout ce qui entre en ligne de compte dans la réparation d'un produit et sur son recyclage.
Il est aussi prévu d'informer le public du « délit d'obsolescence » et d'indiquer les recours en justice contre les coupables, comme ce fut le cas au États-Unis contre Apple. On se souvient que cette firme avait préféré faire l'économie de plusieurs séances judiciaires en choisissant purement et simplement de dédommager les plaignants. En Europe, on compte miser sur la vulgarisation de l'éco-conception de produits et mettre les gros producteurs de déchets industriels face à leurs responsabilités à travers l'adoption de plusieurs directives.
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